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Rachat de Bombardier par Alstom : le portefeuille R&D du futur géant du rail

Alstom a annoncé le 17 février avoir signé un accord avec Bombardier pour racheter la branche ferroviaire du canadien. De quoi donner naissance à un géant du rail dont l'avance technologique sera un atout majeur face à la concurrence, notamment chinoise. Passage à la loupe des portefeuilles R&D que chaque industriel met dans la corbeille.

Rachat de Bombardier par Alstom : le portefeuille R&D du futur géant du rail
Un géant du rail en perspective. Le 17 février au soir, Alstom a confirmé dans un communiqué « la signature d'un protocole d'accord avec Bombardier Inc. et la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) pour l'acquisition de Bombardier Transport », la branche ferroviaire de l'industriel canadien.

Un rachat dont le montant est estimé à entre 5,8 et 6,2 milliards d'euros, qui devra encore être avalisé par l'autorité de la concurrence de la Commission européenne.

Avec cette acquisition, Alstom compte « bénéficier de technologies additionnelles de pointe et de ressources complémentaires en R&D, lui permettant de consolider son avance en matière d'innovation dans le domaine des solutions de mobilité durable ». Alstom souhaite également installer un centre de conception, ingénierie et R&D au Québec. Passage en revue des portefeuilles technologiques apportés par chacun des constructeurs ferroviaire au futur géant.


Batteries ou hydrogène ?


Alstom a déjà livré deux trains à hydrogène à une région allemande, en construit 27 nouveaux pour une autre, et développe le modèle qui circulera en France. Pour décarboner les lignes où les trains circulent encore au diesel, l’entreprise française semble bien engagée sur la piste de l’hydrogène. Bombardier Transport, de son côté, privilégie les trains électriques à batteries.

Pourtant, début février 2020, Alstom a annoncé la signature d’un contrat pour livrer onze trains électriques à batteries en Allemagne d’ici 2023. A nos confrères de l’Usine Nouvelle, le constructeur français indique travailler en parallèle sur la batterie « car les deux technologies sont nécessaires pour verdir les parcs de trains ».

Le train autonome en perte d'indépendance

Les deux entreprises sont engagées dans le développement de trains autonomes d’ici 2023 pour la SNCF. Créés en janvier 2018, deux consortiums sont pilotés en partenariat avec l’Institut de recherche technologique (IRT) Railenium. Le premier rassemble Alstom, Altran, Ansaldo et Apsys et vise à créer un prototype autonome pour le fret qui devrait être mise en circulation en 2020. L’autre réunit Bombardier, Bosch, Spirops et Thales en vue de réaliser un TER autonome pour le transport de passagers. Sa mise en circulation est espérée d’ici 2023.

Un éventuel rapprochement entre Alstom et Bombardier pourrait mettre à mal l’indépendance des développements et la « concurrence positive » souhaitées entre les deux consortiums. En effet, dans une publication sur le site DigitalSNCF, le chef de projet du prototype de train de fret autonome, Samuel Boucher, déclarait en février 2019 : « Les deux prototypes des trains autonomes se développent de manière indépendante. Cette concurrence positive permettra de mesurer la pertinence des choix techniques fondamentalement différents. »

Directeur général de l'IRT Railenium, Eric Tregoat estime que l'impact d'un éventuel rapprochement entre les deux industriels serait faible sur ces projets de train autonome : « Ils ont des objectifs différents, avec des équipes différentes et il n'y a pas de raison que ça change. De plus, les deux projets sont bien avancés et leur échéance est proche. Or, ce genre de fusion prend du temps. »

La signalisation en harmonie

Avec six autres industriels, Alstom et Bombardier sont membres du projet de Système européen de gestion du trafic ferroviaire (ERTMS), qui vise à harmoniser la signalisation ferroviaire en Europe. Les deux constructeurs développent différents systèmes et briques technologiques pour ce nouveau standard de signalisation en cours de déploiement. Celui-ci vise à remplacer les 27 systèmes de signalisation ferroviaire existants sur le territoire européen, incompatibles entre eux.

Dans son communiqué, Alstom précise que Bombardier lui apportera « une forte complémentarité dans la signalisation et un accès à des marchés stratégiques afin d'accélérer le déploiement de ses solutions ».

En septembre 2019, Alstom a été choisi par SNCF Réseau pour fournir son système ERTMS niveau 2 sur la ligne à grande vitesse (LGV) Paris-Lyon. Cela permettra d’augmenter le trafic en passant de 13 à 16 trains en heure de pointe.

En cours de développement, le niveau 3 constitue la prochaine étape. Reposant entièrement sur la communication radio, il sera un moyen de réduire encore l’espacement entre les trains. Comme le déclarait Clément Bourdis, responsable des ventes et de la signalisation de Bombardier pour la France et le Benelux, à Industrie & Technologies en 2018, « C’est le train du futur ! »

La maintenance prédictive sur les rails

Porté par Bombardier Transport, Prosyst et l’université de Valenciennes, le laboratoire Surferlab a été inauguré le 25 octobre 2017. Il est dédié à la recherche de solutions industrielles innovantes dans le domaine des technologies numériques embarquées. Le projet est orienté autour de trois thématiques : la maintenance prédictive, la mise au point d'un modèle d’intelligence artificielle et l’optimisation du cycle de vie des véhicules. L'objectif est de mettre au point des trains capables de se surveiller et d'alerter sur leur état général ou sur les possibles pannes à venir.

De son côté, Alstom a lancé HealthHub en 2014, un outil de maintenance prédictive « capable de vérifier l'état de santé des trains, des infrastructures et des équipements de signalisation au moyen de solutions d'analyse de données innovantes, dans le but d’anticiper leur durée de vie ». Le système a été déployé, par exemple, sur le métro de Syndey (Australie).

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